lundi 4 novembre 2013

Vous avez dit prix littéraires ?

Aujourd'hui, treize heures, je viens à peine de rentrer chez moi quand mon smartphone reçoit cette notification de 20 Minutes : Le prix Goncourt est adressé à ... Pierre Lemaître pour son roman paru chez Albin Michel  Au revoir là-haut

Oui et alors ?

J'ai justement mentionné l'éditeur avant le titre du roman, puisque finalement, c'est la maison d'édition qui a dû se frotter les mains ! Et hop les ventes pour Noël sont assurées ! 400 000 tirages garantis !

Vive l'édition !

Vous aurez bien sûr compris mon point de vue sur ces prix. Ils sont une illustration, selon moi, du caractère mercantile de la culture ! Vous allez me dire "Mais enfin !, on ne vit pas au pays des Bisounours, un éditeur doit gagner sa vie !" Certes, mais que signifie ce prix ? puisque les magouilles semblent guider l'élection !

Il y a un prix (toujours selon mon humble avis) qui se distingue des autres et qui me semble plus juste : le prix Nobel de littérature. Il récompense toute une oeuvre et non un seul ouvrage. Il est la récompense d'un travail colossal, voire d'une vie. Ce prix grave l'auteur et son oeuvre dans une reconnaissance littéraire éternelle.

Cependant, je ne suis pas en train de dire qu'il ne faut pas acheter le prix Goncourt et ceux qui le suivent, ni même que les romans qui ont reçu ces prix sont mauvais ! Mais il me semble qu'il s'agit davantage d'un coup de pub pour l'éditeur qu'une réelle récompense pour l'écrivain.

Bonne lecture !

M.

Source : Le site Babelio.


     Oh grand dieu, vois-je une attaque contre le monde de l'édition poindre dans cet article ? Moi-même étudiante dans ce (fameux) milieu éditorial, je devrais piquer une colère (noire, rouge, voire verte, à votre goût). Eh bien, au risque de vous décevoir, il n'en sera rien.

      Je ne saurais vous faire une liste exhaustive de tous les prix littéraires existants. Leur quantité en devient risible. « Et le prix littéraire de la meilleure nouvelle poétique de moins de six pages, écrite par un jeune auteur ayant moins de 25 ans est adressé à...». Quelques-uns possèdent encore un certain prestige littéraire : le Goncourt, le Renaudot, etc. Mais y a t-il un soupçon de sincérité dans la remise de ces prix ? Le milieu de l'édition est-il seulement hypocrisies, magouilles, et compagnie ? Le débat reste ouvert...

     À quoi servent-ils au juste ? Primo, ils apportent une reconnaissance littéraire à la maison d'édition et (surtout) à l'auteur. Le Goncourt 2013 en est un parfait exemple : Albin Michel n'est pas une maison qui reçoit beaucoup de prix, plus habituée à vendre des best-sellers que des ouvrages reconnus par le milieu littéraire (je précise qu'il n'y a aucun mépris dans mon propos). Ce Goncourt lui apporte aujourd'hui une nouvelle image... De plus, Pierre Lemaître est avant tout un auteur de livres policiers. Avec ce Goncourt, c'est le domaine du polar, dans son ensemble, qui est reconnu alors qu'il a été tant décrié... Ce prix reste dans l'imaginaire des auteurs une véritable consécration. Leur Saint-Graal. Bravo, bravo, votre travail est formidable. Et pourtant, de grands écrivains ne le recevront jamais... 
     Secundo, ils aident à lancer les ventes de l'ouvrage. Mais attention, mes chers amis, ce n'est pas la poule aux œufs d'or non plus ! Un petit Musso ou un petit Levy se vendra bien mieux qu'un Goncourt (autour de 180 000 exemplaires contre 400 000 exemplaires pour les premiers). Au-revoir là-haut fait néanmoins figure d'exception. Il est « un Goncourt populaire au bon sens du terme » selon Bernard Pivot. Déjà 120 000 exemplaires à l'annonce de la remise du prix. Lecteurs perdus dans une librairie, les prix littéraires influent sur vos achats : « Ah, tiens, le dernier Goncourt ! Que vaut-il vraiment ?... Allez, dans mon panier ». Et voilà encore un pigeon. Et, j'en fais partie ! Cela dit, certains ouvrages promus possèdent de véritables qualités littéraires. 

     Les prix littéraires, c'est l'arbre qui cache la forêt. La rentrée littéraire de septembre est déjà pensée, réfléchie, organisée en fonction de ces prix dès le printemps. On recherche l'auteur le plus à même d'emporter les faveurs des critiques littéraires, on publie des auteurs connus et reconnus plutôt que de nouveaux écrivains, etc. J'en passe et des meilleurs. Oui, le marché du livre est un marché commercial. Et oui, certaines maisons d'édition oublient l'exigence littéraire au profit de bénéfices financiers. Triste réalité. 

     Toujours est-il qu'aujourd'hui, vers 12h45, j'attendais, impatiente, la grande nouvelle : l'annonce du prix Goncourt. Risible à souhait, je l'admets. Ce fameux prix littéraire aura au moins eu le mérite de faire parler de littérature dans tous les médias nationaux. Il faut rendre à César ce qui est à César. 

D.




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