dimanche 15 décembre 2013

Molly Bloom

Molly Bloom est un monologue adapté par Laurent Laffargue du livre Ulysse écrit par James Joyce. Céline Sallette interprète le rôle de Molly, vous l’avez peut-être vue dans De rouilles et d’os (J. Audiard), Un château en Italie (V. Bruni-Tédeschi), …

Je ne connais absolument pas l’œuvre de Joyce, je sais simplement par des proches, qui ont eu le courage d’en venir à bout en français et en anglais, que c’est un ouvrage complexe où paroles et pensées du personnage sont difficiles à distinguer.

source : www.blog.lefigaro.fr

Ce monologue constitue le chapitre XVIII de l’œuvre. Bien qu’écrit par un homme, la parole est donnée à une femme, Molly, qui nous raconte son rapport aux hommes, pendant un peu plus d’une heure. Si au début nous trouvons son discours comique, nous rions jaune au fur et à mesure que le monologue se déroule.

Le metteur choisi a choisi un décor tournant pour le moins surprenant ! Imaginez une jeune femme qui ne trouve pas le sommeil, en pyjama dans sa chambre. Avec une voix instable elle nous fait le récit de ses pauvres expériences avec les hommes en « gueulant » à la manière d’une marchande de poissons. Le décor tourne, encore et encore, à mesure que Molly ressasse ses pensées.

source : www.lemonde.fr

A chaque fois que le décor tournait je me rendais compte que je ne voyais pas le même visage, non pas que la comédienne changeait ses mimiques, mais l’impression que le passage d’un discours qui nous faisais rire en un récit tragique se reflétait sur son visage. Aucune issue, la chambre seulement comme métaphore d’une vie emprisonnée, d’une condition féminine qui ne saurait se soustraire à la domination masculine.

Finalement, c’est un goût amer qui nous reste, et la désagréable impression que ce texte est d’une extrême modernité…

Après la pièce, nous avons eu la chance de parler avec Céline Sallette et Laurent Laffargue. Cet entretien nous a permis de comprendre comment ils avaient utilisé le texte. Le metteur en scène s’est séparé de 50% du texte original et a adapté le monologue avec du vocabulaire contemporain. Quant au décor tournant, il n’a pas perturbé l’apprentissage du texte, au contraire, Céline Sallette nous expliquait qu’il a servi de repère même si elle avoue avoir peur quand elle se retrouve à trois mètres au dessus du sol.

source : www.divergence-images.com



Cela fait maintenant trois ans que la comédienne joue Molly, espérons que cela dure car un texte d’une telle richesse et si dense invite à y s’y intéresser plusieurs fois. Et encore une fois, merci à la Coursive de proposer aux étudiants de beaux spectacles pour si peu.

M.

jeudi 12 décembre 2013

- Gros-Câlin au théâtre de l'Oeuvre. -

    
Source : Théâtre de l'Oeuvre.

     Il y a encore quelques semaines, le théâtre de l'Oeuvre m'était inconnu. Un théâtre parisien parmi tant d'autres. Aujourd'hui, il fait partie, sans aucun doute, de mes bonnes adresses culturelles. Niché au cœur même de la vie théâtrale parisienne, rue de Clichy, le théâtre de l'Oeuvre est un de ces endroits où l'on se sent rapidement chez soi. Une salle intimiste, chaleureuse, des fauteuils rouges, des lumières tamisées et le sourire des ouvreuses... Il ne manquait plus que le spectacle. Et quel spectacle ! Gros-Câlin, premier ouvrage écrit sous la plume d'Émile Ajar, a été adapté pour le théâtre et il est représenté depuis le 15 novembre au théâtre de l'Oeuvre. À ma connaissance, seul le roman La Promesse de l'aube avait été, jusqu'alors, adapté et je n'avais malheureusement pas eu la chance d'assister à l'une de ses représentations. Alors, autant vous dire qu'à l'annonce de cette nouvelle adaptation, j'ai sauté sur l'occasion.

     Ce moment théâtral a été absolument savoureux. Le comédien, Jean-Quentin Châtelain, seul en scène, nous livre une interprétation remarquable. Le décor est des plus minimalistes, les lumières sont tamisées, orangées : nous voilà dans l'univers de Michel Cousin. Ce héros esseulé qui, pour rompre sa solitude, a décidé de vivre avec un python dans son appartement parisien. Michel Cousin manie le langage pour mieux le détourner. Les jeux de mots sont particulièrement drôles à l'écrit, ils le sont d'autant plus lorsqu'ils sont prononcés. Le comédien réussit, avec génie, à nous faire rire mais aussi à nous émouvoir. Michel Cousin est un être qui connaît le drame de la solitude : « dans une grande ville comme Paris, on ne risque pas de manquer. » Au rire, se succèdent quelques larmes. L'univers du roman, drôle, touchant, parfois décalé, a été parfaitement respecté. Un grand moment de théâtre.

     La critique est particulièrement enthousiaste : je vous laisse la découvrir sur le site même du théâtre de l'Oeuvre. Les couloirs du métro ont été tapissés d'affiches de Gros-Câlin. Romain Gary à l'honneur, je ne peux que m'en réjouir. Si vous voulez passer un moment agréable (et culturel !) à Paris, vous savez où aller...

Théâtre de l'Oeuvre, 55 rue de Clichy, 75009 Paris.

     Gros-Câlin est représenté du mardi au vendredi, ainsi que le dimanche, à 19h. Le samedi à partir de 16h. Pour les tarifs, il y a tous les prix de 17€ à 32€ en passant par 25€ (en fonction de votre emplacement). Il faut compter 2€ en plus pour une réservation par internet. Pour ma part, j'ai opté pour la formule tarifaire la plus basse (bah oui, budget étudiant) et j'étais très bien placée. D'ailleurs, pour les étudiants, si 1 heure avant le spectacle, il reste encore des places, vous pouvez payer votre billet 10€ (une économie de 7€ n'est jamais négligeable !...)


D.