jeudi 31 octobre 2013

- Romain Gary, un amour littéraire. -

Source : Le blog "T'as vu ma plume ?"

    Il est des livres qui vous font aimer la littérature à jamais, qui suscitent chez vous des sensations indicibles. L'effet provoqué par un livre aimé, voire adoré, ne peut être défini à mes yeux. Cela fait certainement partie de la magie de la littérature. Dans mon panthéon des œuvres chéries, se rangent, entre autres, La Condition humaine de Malraux, L'Insoutenable Légèreté de l'être de Kundera, Le Père Goriot de Balzac, Fureur et mystère de René Char, etc., etc., etc. Et puis, il y a La Promesse de l'aube de Romain Gary. Pourquoi ce « et puis » ? Après avoir lu plusieurs de ses ouvrages, Romain Gary est devenu mon auteur de prédilection (oui, rien que ça...). Bien entendu, tous ses romans ne m'ont pas bouleversée (et d'ailleurs, je n'ai pas encore tout lu, tant la bibliographie de Romain Gary est riche). Mais après avoir ri, puis pleuré en lisant ses ouvrages, j'ai dû me résoudre : cet auteur m'avait touchée, plus qu'aucun autre (jusqu'à présent). Parmi ses romans savoureux, je peux dès lors citer Éducation Européenne, Le Grand Vestiaire, Adieu Gary Cooper, ou encore Chien Blanc. 

     Certains diront : « Romain Gary, euh, inconnu aux bataillons ! », ou encore « Romain Gary, un auteur de second, voire de troisième ordre ! ». Romain Gary a écrit des ouvrages remarquables, mais aussi des médiocres (n'est-ce pas le cas de tous les auteurs ?). Il n'en reste pas moins déprécié par de nombreux universitaires. Ils lui reprochent, notamment, ses différences de registres le rendant très vite « inclassable », sa singularité à son époque (Romain Gary écrivait des romans « traditionnels » face au Nouveau Roman ou à la littérature engagée de Sartre ou de Camus), et puis, évidemment, ce coup de maître : les deux Goncourt. Un acte impardonnable aux yeux de l'élite littéraire. Car Romain Gary a joué avec le monde littéraire de son époque. Il a revêtu plusieurs identités : il est aussi Roman Kacew, Fosco Sinibaldi, Shatan Bogat, et bien sûr Émile Ajar. Il a alors obtenu son premier Goncourt avec Les Racines du ciel en 1956 sous le nom de Romain Gary, puis un second Goncourt avec La Vie devant soi en 1975 sous le nom d'Émile Ajar, sans qu'aucun critique et lecteur (ou presque) ne s'aperçoivent véritablement de la supercherie. Un coup de maître qui n'a jamais été égalé, mais qui lui a valu de nombreux reproches, qui perdurent encore aujourd'hui.

     Néanmoins, ces dernières années, cet auteur a commencé à être réhabilité. Plusieurs ouvrages lui ont été consacrés, plusieurs colloques organisés, et quelques thèses ont été soutenues. En 2010, pour les trente ans de sa mort (triste anniversaire pour réhabiliter la figure d'un auteur), le monde littéraire s'est réveillé : émissions de radio (notamment sur France Culture), beaux livres en pagaille, exposition au Musée des lettres et manuscrits, etc. Je n'ai aucunement la prétention de participer à cette réhabilitation universitaire. De grands intellectuels le font et le feront bien mieux que moi. Il s'agit davantage de partager, ici, une passion littéraire, pour un auteur « peu » connu. Pourtant, Yvon Girard dans le numéro spécial du Débat, « Le livre, le numérique » (Gallimard, mai-août 2012, n°170) précise que Gary est dans le palmarès des ouvrages Folio les mieux vendus (comme quoi, cet auteur n'est pas véritablement oublié...).


Signature de Romain Gary.
Source : Le site www.kdeviercy.com

     Découvert en classe de première dans le cadre d'un cours sur « l'autobiographie » (d'ailleurs, il est assez improbable de choisir cet auteur pour étudier l'autobiographie strico sensu : La Promesse de l'aube est un roman certes inspiré de la vie de Romain Gary, mais il est énormément romancé. Bref.). Lu d'une traite, le roman m'a émue aux larmes. Alors, je l'ai précieusement conservé sur mon étagère, mais également dans un coin de ma mémoire. Et puis, l'hypokhâgne est arrivée avec ses gros sabots. Mon professeur (ou mon tyran) de français nous a alors « gentiment » imposé le choix d'un auteur de prédilection afin d'affiner nos goûts littéraires, et d'affûter (surtout et avant tout) notre sens critique. Romain Gary est alors réapparu dans ma vie. Il m'a sauvé la mise en hypokhâgne (je pèse mes mots). La lecture de ses romans faisait partie de ces moments rares de plaisir, d'oubli de soi, d'oubli de tout. Une pause littéraire savourée. Au-delà de l'auteur, j'ai aussi appris à connaître l'homme. Sa vie est un roman à elle seule (peut-être était-il prédestiné, s'appelant, à l'origine, « Roman » et non Romain). Il est, certes, auteur, mais il a aussi été aviateur dans les Forces aériennes françaises libres (ce qui lui a valu la croix de la Libération), diplomate et plus particulièrement ambassadeur de France. Romain Gary : plusieurs identités, plusieurs vies. Et puis, me voilà en master. Qui dit master, dit mémoire. Mon choix a vite été fait.

     Je n'irai pas à écrire « Romain, mon amour » comme Leïla Chellabi (la dernière « femme » de Romain Gary - ses conquêtes féminines sont innombrables) l'a fait pour l'un de ses ouvrages, mais je pourrai facilement écrire « Romain, mon amour littéraire » (voilà, c'est dit). Je laisserai la parole (si je puis dire) à Romain Gary, en citant quelques-unes de ces pépites littéraires en commençant par la plus connue, mais qui restera, à mes yeux, une merveille :

« Avec l'amour maternel, la vie vous fait, à l'aube, une promesse qu'elle ne tient jamais. Chaque fois qu'une femme vous prend dans ses bras et vous serre sur son cœur, ce ne sont plus que des condoléances. On revient toujours gueuler sur la tombe de sa mère comme un chien abandonné. Jamais plus, jamais plus, jamais plus. Des bras adorables se referment autour de votre cou et des lèvres très douces vous parlent d'amour, mais vous êtes au courant. Vous êtes passé à la source très tôt et vous avez tout bu. Lorsque la soif vous reprend, vous avez beau vous jeter de tous côtés, il n'y a plus de puits, il n'y a que des mirages. Vous avez fait, dès la première lueur de l'aube, une étude très serrée de l'amour et vous avez sur vous de la documentation.» La Promesse de l'aube, Gallimard, 1960, p. 38.
« Y a t-il derrière l'apparence des choses, derrière le masque douloureux de la réalité, une féerie secrète, une gaieté essentielle, une fête qui ne cesse jamais et que nous font tout à coup pressentir quelques pas de danse, quelques notes de musique, un rire de fille enchantée ? Je ne sais. Je ne crois guère aux profondeurs secrètes, lorsqu'il s'agit du bonheur. » Les Enchanteurs, Gallimard, 1973, p302.
« Il me semble que jamais je ne cesserai de courir. Je ne courais pas vers le bout du monde : on y était. Je ne savais pas où j'allais et, d'ailleurs, il n'y avait pas où aller. Je hurlais. » Les Cerfs-Volants, Gallimard, 1980, p. 356.

« Cette maison où j'écris est près de la mer et j'écoute son murmure, car il vient du fond des âges. Il y aura peut-être des mondes nouveaux, des voix que personne n'a encore entendues, un bonheur qui n'aura pas seulement un goût de lèvres, une joie encore jamais imaginée, une vie qui ne sera pas seulement au clair de femme. Mais moi je vis votre plus vieil écho... » : ce passage est un extrait de feuilles éparses de Romain Gary, jamais publiées, in Myriam Anissimov, Romain Gary, le caméléon, Editions Denoël, 2004, p508-509.

Feuillet manuscrit du roman inédit du Charlatan, 1970, in "Romain Gary, des Racines du ciel à La Vie devant soi", La lettre du musée des lettres et manuscrits, janvier-février-mars 2011, n°38.


    Cet article a été écrit avec un fond musical, celui de l'album Coexist (2012) de The XX. Ce n'est pas une découverte, mais plutôt une re-découverte. Cette musique s'associe parfaitement à cette saison automnale. Aussi douce qu'intense, elle fait poindre quelques élans nostalgiques. Nostalgie d'un été ensoleillé et chaud, laissant aujourd'hui place à un automne pluvieux, doux et parfois froid. Bref, si vous avez l'occasion, allez écouter cet album envoûtant de The XX.


D.

mardi 22 octobre 2013

OPUS


Quand vous êtes étudiant à La Rochelle, il existe une petite carte magique qui s'appelle le "Pass' Culture". Gratuit, il permet aux étudiants de profiter à moindre frais de spectacles, de concerts, ... notamment ceux programmés à la Coursive.

La Coursive est la scène nationale de La Rochelle. Située à deux pas du vieux port et près des restaurants les plus réputés de la ville, l'ancien couvent des carmes est un lieu de référence pour quiconque s'intéresse à la culture.

 Entrée de la Coursive

Hall de la Coursive
Photos prises par : Camille Lagrange
sur le site de la Coursive : http://www.la-coursive.com/
consulté le 22.10.2013

L'univers de la danse m'est totalement étranger. Vous voyez la fille qui n'arrive pas à se déhancher sur la piste de danse alors que toutes ses copines y arrivent ?, eh bien c'est moi ! Si dans la pratique je suis nulle, je connais encore moins bien la danse dans sa dimension artistique  On m'a emmenée dès l'âge de deux mois dans les châteaux et les grottes préhistoriques de Dordogne, mais à vingt-et-un ans je n'avais toujours pas assisté à ce genre de spectacle. Mais ça c'était AVANT !

Un midi, mes copines de fac prennent des places pour le spectacle OPUS qui a lieu le jeudi 17 octobre à la Coursive. 6,50€ la place, pourquoi s'en priver ?, merci le Pass' Culture ! Je ne sais pas à quoi m'attendre mais je suis enthousiaste à l'idée de découvrir une nouvelle forme d'art.

OPUS est un ballet dansé par la compagnie Circa. La compagnie a vingt-cinq ans. Avant connue sous le nom de "Rock n' roll Circus", c'est en 2006 qu'elle se renouvelle sous le nom de Circa.
Quatorze danseurs et danseuses australiens qui ont fait des représentations dans dix-huit pays différents et sur les cinq continents. A ces artistes tout en muscle et plein de grâce s'ajoute le quatuor Debussy composé de deux violons, d'un alto et d'un violoncelle. Le chorégraphe et metteur en scène du spectacle, Yaron Lifschitz, fait le choix de Chostakovitch pour guider dans les airs et à terre ses danseurs.

Car en effet, en tant que novice de la danse, j'ai été frappée par la brutalité avec laquelle les artistes se jetaient à terre alors que la minute d'après ils s'envolaient dans les airs à l'aide de trapèze...
Plusieurs "ooooh" s'échappaient du public qui prenait peur en voyant un danseur voltiger. On aurait dit des enfants dans une cour de récré à s'attraper, à jouer avec des cerceaux comme ils le faisaient.
Le spectacle était placé sous le signe de l'humour et de l'absurde. Par moment j'ai repensé à nos cours d'accro sport du collège et du lycée. Bon d'accord avec bien plus de précision, une pointe de pied mieux tendue et des corps plus musclés, mais on s'en rapprochait ! 
La performance physique est incroyable ! Et dire que la veille je me plaignais d'avoir mal en cours de renforcement musculaire. Eux, ils ont dû en manger des abdos, des pompes et du gainage !

Au fur et à mesure de la soirée, on ne voyait plus les musiciens qui ont toujours été présents sur scène. On les entendait seulement. Nos yeux étaient obnubilés par ces quatorze danseurs qui s’affairaient aux quatre coins de la scène. L'espace était si balayé que, par moment, je regrette de ne pas avoir pu voir ce que faisait chaque artiste.

Après une heure vingt de représentation, le public applaudit. Ovation pour OPUS. Des "bravos" et des sifflements fusent. Les artistes, eux, n'en fissent pas de sourire.

Cette première expérience avec le monde de la danse me donne très envie de voir d'autres représentation. C'était du beau spectacle visuel et sonore ! Merci à eux et à la Coursive qui nous a permis d'en profiter pour si peu.


OPUS
photo prise sur : christophegermanique.blogspot.com
consulté le 22.10.2013

M.





dimanche 13 octobre 2013

- La Sorbonne, ou Poudlard à la française. -

     

     De prime abord, l'université de la Sorbonne, c'est cela : cette cour d'honneur majestueuse, donnant une vue directe sur la chapelle Sainte-Ursule (qui ne fait, d'ailleurs, plus office de chapelle). Bon, disons-le, la Sorbonne, ça en jette architecturalement parlant. Le cardinal de Richelieu (qui fit refaire l'intégralité du collège de la Sorbonne construit initialement au XIIIème siècle) avait plutôt bon goût, voire la folie des grandeurs. L'histoire ne se limite pas au seul Richelieu, il y a eu ensuite de nombreuses restructurations du bâtiment, mais je vous fais grâce de tous les détails.

     Petite étudiante (parmi tant d'autres) à la Sorbonne, j'ai le privilège de pouvoir accéder de façon illimitée à ce prestigieux bâtiment. Néanmoins, je ne m'aventure pas dans tous ses dédales, me limitant aux seuls amphithéâtres que je connais. Oui, je me suis déjà perdue dans la Sorbonne (mais passons...). L'amphithéâtre que je côtoie le plus est celui-ci, l'amphithéâtre Richelieu (encore lui...) :

La photo n'est pas de moi, si elle l'avait été, vous auriez eu, en prime, toutes les chères têtes blondes de ma promo.
     Plutôt pas mal, n'est-ce pas ? Néanmoins, en étudiante que je suis, un détail (et non des moindres) me frappe : l'absence de tablettes qui apportent, sinon un confort, du moins un support d'écriture (Richelieu avait bon goût, mais il n'avait pas le sens du pratique). Bon, je vous le concède, des tablettes dénatureraient complètement le lieu (du coup, les genoux font tout aussi bien office de support). En bref, l'amphithéâtre est magnifique, mais très peu pratique. D'ailleurs, la Sorbonne regorge d'endroits sublimes mais incommodes : une porte cachant un escalier sans que rien ne l'indique, des escaliers aux marches de plus en plus minces et de plus en plus hautes, etc. La bibliothèque de la Sorbonne, quant à elle, reste bien mystérieuse (elle devrait ouvrir ses portes en automne 2013...). C'est une université, chargée d'histoire, et donc un peu poussiéreuse mais qui reste, néanmoins, un endroit privilégié pour étudier. Une sorte de Poudlard à la française (la magie en moins, quoique...).

    Truculentes anecdotes (ou pas), mais dans quel but ? Tout cela pour vous dire, chers lecteurs avides de tourisme patrimonial, que vous ne pourrez pas visiter cette cour d'honneur, et l'ensemble architectural de la Sorbonne, quand bon vous semble. Une visite de la Sorbonne se prépare : il faut prendre rendez-vous (oui, comme chez le docteur), soit par e-mail, soit par téléphone. Alors, à votre prochaine visite sur Paris, faîtes un petit détour par la Sorbonne (en prenant rendez-vous au préalable), elle le mérite.


Pour prendre rendez-vous : visites.sorbonne@ac-paris.fr ou 01 40 46 23 49.
Le site de l'université de la Sorbonne.

D.